Enzo Fernandez-Mangas : un gamin avec des rêves plein la tête

Enzo Fernandez-Mangas

Enzo – Merci de m’avoir invité, cela fait toujours plaisir d’être sollicité. Je m’appelle Enzo, j’ai seize ans et demi bientôt dix sept  et je me suis mis au golf à mes trois ans un peu par hasard, ça va faire treize ans bientôt quatorze que je joue au golf.

Anneso – Comment as-tu découvert le golf, et comment cette passion est-elle née malgré tes troubles DYS ?

Enzo – J’y suis venu en raison de soucis d’hyperactivité à l’école notamment à la crèche. En fait, je suis franco espagnol, je suis bilingue et j’ai d’abord parlé Espagnol et ensuite le Français, et pour me faire comprendre à l’école soit je mordais soit je tapais, ce qui n’était pas forcément très apprécié par le corps enseignant. 

On a d’abord testé le tennis, on s’est rendus compte que j’étais pas trop maladroit avec les sports de balle, mais je n’aimais pas trop les déplacements rapides, ça me faisait mal, donc on est allés vers le golf. Au début j’aimais pas ça, je le faisais pour faire plaisir à mes parents.

Le Wow et la révélation sont venus à mes sept ans lors de la première compétition, ça a été assez impressionnant, la première fois de ma vie où je me suis senti à ma place, où je me suis senti bien.

Depuis ce jour là, on a monté un projet avec ma famille autour de mon rêve et on a essayé de le faire grandir, avec plusieurs obstacles mais on y reviendra, et aujourd’hui j’ai pour projet de passer pro dans un an et demi, deux ans, donc ça se concrétise.

AnneSo – C’est vraiment la compétition qui t’a révélé, c’est en compétition que tu t’es senti à ta place, ce n’est pas le cas de tous les jeunes qui pratiquent du sport.

Enzo – Oui oui carrément, j’adore m’entraîner, ça fait partie de mon travail en tant que joueur, mais c’est la compétition qui m’a révélé, c’est la première fois de ma vie que je me suis dit “OK là, je suis à ma place.”  J’ai aimé cette sensation de devoir te battre contre toi-même, de devoir te battre toi-même au final, car tu dois parfois être plus fort que ta tête, ou que ton corps si jamais il tire un peu, sous des périodes de travail comme en ce moment car je viens de relancer mais saison il y a juste deux semaines, oui c’est ça qui m’a accroché.

AnneSo – Tu as donc découvert le golf à l’âge de trois ans, comment cette passion est-elle née malgré tes soucis à l’école, est ce que ça a été contradictoire ou au contraire complémentaire ?

Enzo – Effectivement c’est un peu bizarre, que ce soit à l’école ou ailleurs j’ai toujours pensé différemment, j’ai toujours marché différemment des autres, que ce soit dans ma manière d’apprendre ou dans ma manière de bosser, j’ai la chance de bien apprendre à l’oral, du coup j’écoutais beaucoup en cours même si lire et tout c’était plus compliqué pour moi.

Donc marquer une différence dès un âge aussi jeune c’était dur, ça a posé des soucis de harcèlement quand j’étais petit, que ce soit pour mon poids, mon physique ou ma différence tout simplement, et le golf m’a aidé à me sentir à ma place et à trouver un endroit où ça allait. Où ce que les autres pensaient, où ce que les autres voyaient en moi c’était plus le joueur de golf et non un gamin hyperactif.

Quand je joue au golf, c’est le seul endroit où ma tête peut rester sur un objectif clair pendant cinq à six heures d’affilée, sans que ça parte dans tous les sens donc c’est très très important Je dirais que le golf m’a beaucoup aidé à me sentir mieux et m’assumer moi en tant que personne et ça m’a aidé dans ma vie scolaire, parce que ça m’a aidé à mieux me comprendre et mieux me concentrer, à choisir et à étalonner une manière de travailler.

Je marche par plages horaires. Je sais que pendant deux heures je peux être concentré. Après il me faut quinze minutes pour divaguer, et après je peux m’y remettre, et c’est comme ça que je bosse depuis maintenant trois ans où je fais l’école à distance. Le golf m’a beaucoup aidé.

AnneSo – Est ce que ça va mieux à l’école maintenant que tu fais du golf ?

Enzo – Oui, ça va mieux, dans la manière de travailler. Après, malheureusement les troubles DYS et la dysorthographie on n’a pas de remède à ça, c’est inopérable, c’est comme ça, alors on ne le voit pas quand on me parle puisque de par mon manque à l’écrit j’ai développé une force à l’oral, qui est un petit peu plus évoluée que les garçons de mon âge, mais ça m’a beaucoup aidé à l’école à rester calme en cours, à ne pas marcher me lever, ne pas devoir bouger absolument pour être concentré ce qui avant était le cas, donc oui on peut dire que le golf m’a beaucoup aidé.

Après, les troubles DYS on n’y peut pas grand chose, donc à l’écrit je calerai toujours , je resterai toujours bloqué malgré un travail et des efforts certains pour essayer de faire avancer les choses. On ne peut pas changer les troubles DYS ni les améliorer, jusqu’à un certain point car j’ai bossé pendant pas mal d’années avec mon orthophoniste à qui je fais coucou. On peut travailler jusqu’à un certain point mais à un point ça bloque, à un moment on l’a touché,  donc maintenant je continue à développer l’oral, je fais au mieux avec ces troubles à l’écrit, et je vis très bien avec aujourd’hui donc je suis content.

AnneSo – Ton parcours vers le professionnalisme n’est certainement pas facile, il ya du monde et de la concurrence. Quels ont été les principaux obstacles ?

Enzo – Quand j’étais petit je me suis beaucoup blessé, parce que j’avais une manière de jouer, un swing qui était trop exigeant par rapport à ce que mon corps pouvait encaisser,  je me suis beaucoup blessé au niveau des genoux, des tendons d’Achille, des pieds, des trucs pas très très drôles quand tu as dix douze ans, qu’il faut malheureusement surpasser pour accomplir son rêve, et donc il y a deux ans j’ai fait le choix de prendre un virage à quatre vingt dix degrés et de changer tout le staff, golf, prépa physique, tout, pour du mieux. 

On a gardé les fondations, parce que ce n’était pas mal ce que je faisais, mais il a quand même fallu changer  beaucoup de choses. Je  suis parti à Orléans voir mes trois coach, mon coach de golf Roman Lissowski, mon préparateur physique Wahid Laour et maintenant ma préparatrice mentale, Chloé Cirotte psychologue du sport qui fait un super travail.

Ce virage a été pour le mieux, on a prioriser le fait de ne plus me blesser, ce qu’on a réussi à faire puisque depuis que je les ai rejoint je ne me suis plus jamais blessé, je me suis plus fait mal au point de ne plus pouvoir jouer. Forcément, le corps il tire parce que je le soumets à une charge de travail importante qui est nécessaire pour arriver à mon rêve, et donc la première case a été cochée.

Malheureusement il n’y a pas de la place pour tout le monde, le golf est un monde qui est petit et qui commence par un écrémage financier. A haut niveau en tout cas. J’encourage toutes les personnes qui veulent aller tester le golf, c’est un sport qui absolument merveilleux, et qui ne coûte pas beaucoup plus cher que tout autre sport quand on joue régulièrement comme une fois par semaine. Mais comme tout sport individuel dès qu’on veut le professionnaliser ça génère des frais, et aujourd’hui mon plus grand frein sera financier puisque le niveau de jeu est sur la voie du niveau professionnel d’ici un à deux ans, tel qu’il est sur les circuits pro pour passer professionnel, malheureusement les osu je ne les ai pas, et sans les sous ça va être compliqué de voyager, compliqué de se déplacer en tournois. Hormis l’aspect financier qui est un facteur que je ne contrôle pas, sur mon parcours vers le professionnalisme, malgré les blessures, ce sont les obstacles majeurs que je vais rencontrer.

Aujourd’hui mon plus grand souci est de trouver des sponsors, des fonds pour aller chercher mon rêve et peut-être un jour le réaliser.

AnneSo – On va aborder un sujet qui me tient à cœur et qui est important sur Partirtoutpres.fr, tu me disais tout à l’heure qu’on ne l’aborde pas tellement encore dans le milieu du golf, c’est le climat. Tu fais partie d’une génération qui va devoir faire face au changement climatique plus que ses aînés. Comment vois-tu l’impact environnemental du golf ? Est ce que tu as été préparé à ce sujet ?

Enzo –  En tant que joueur je n’ai pas eu réellement l’occasion d’aborder le sujet, je sais que le staff de jardiniers du golf de Marcilly est plutôt compétent là-dessus, je sais qu’un jour j’aurai l’occasion d’échanger et de développer le sujet avec eux, ça reste un enjeu majeur puisque le golf a des demandes particulières malgré les demandes de l’USGA qui est l’organisme qui chaperonne tout le golf, et les golfs autour du monde, de réduire les produits phytosanitaires, les quantités d’arrosage, malgré tout ce sera un enjeu majeur, puisque l’herbe doit vivre donc elle nécessite un minimum d’eau, le golf national a installé des sondes sous le sol pour savoir quand l’herbe a besoin d’être arrosée et en quelle quantité, cela permet d’optimiser l’arrosage et la quantité d’eau optimisée.

Il y aussi des projets de parcours, même si c’est des très gros budgets et qu’il y a des golfs qui ne pourront pas survivre au changement climatique, et à ces restrictions d’eau.

Il y a des golfs qui ont pour projet de passer à une herbe qui  survit dans la sécheresse, et qu’on retrouve dans les Bermudes, j’ai eu la chance de jouer dans cettebherbe là aux Etats Unis, c’est bune herbe qui est très dense, jaune, en fait elle vit en étant morte même si c’est bizarre.

Il y a des golfs qui ont pour projet de planter ça, même si en France ce sera compliqué car on a des sols qui sont en majorité argileux, on a très peu de sols sur sable, on verra comment les prochaines années nous feront évoluer.

Ce sont plus les équipes chargées de la préparation du terrain qui sont en charge de ça, moi ça me parait normal mais je vais systématiquement les féliciter, je pense notamment aux équipes en charge des petits parcours. Les équipes terrain font des boulots colossaux pour nous mettre les terrains dans des bonnes conditions parfois avec de petits budgets et des restrictions d’eau et de produits qui sont parfois impressionnantes, donc moi ça me parait normal d’aller les voir et de les remercier, voilà.

On verra comment évoluent les prochaines années en espérant que tous les golf y survivent et avoir une grande diversité dans les choix de golf en France.

AnneSo – Est ce que tu vois un lien pour ta génération, avec les troubles DYS qui se développent et le changement climatique qui arrive vous avez beaucoup de choses sur les épaules à gérer ou ça te parait normal, c’est comme ça ?

Enzo – Des soucis à venir c’est certain, mais moi je reste qu’un gamin qui rêve et qui joue au golf dans le fond. C’est des sujets que je laisse aux experts climatiques qui connaissent le sujet et qui ont fait des études pour ça. Nous entant que golfeurs on sera sur les premières lignes de front, notamment quand on a parlé de la sécheresse il y a quelques années les golfs ont été impactés,  en première ligne, ce qui est plus ou moins normal, moi je reste assez neutre car je ne m’y connais pas assez pour avoir un avis. Ce serait déplacé de m’exprimer sans avoir les connaissances. Ce sera très intéressant de voir les choix qui seront faits par les golfs et les entités de climat, c’est un sujet qui nous importera.

En tant que DYS on réfléchit différemment, donc notre réflexion ne passera pas par les mêmes choses, et rien que de le tourner sous une autre forme, ça peut aider à trouver des solutions auxquelles les personnes normales n’auront pas pensé.

Mais je ne préfère pas m’avancer sur des sujets que je maitrise pas.

AnneSo – Les personnes DYS pensent différemment et ont des choses à apporter, est ce qu’il faut vous faire travailler à l’oral pour vous permettre de vous exprimer, est-ce que vous acharner sur l’écrit ce n’est pas une perte de temps, Est-ce qu’il y a pas des talents à révéler en s’appuyant sur l’oral pour que vous puissiez participer ?

Enzo – Si carrément. Les troubles DYS se révèlent petit à petit et sont de plus en plus reconnus, c’est très important de comprendre que l’écrit pour nous c’est vachement dur, alors une perte de temps je ne sais pas si on peut aller jusque là, mais certainement pas une partie de plaisir, très souvent tout gamin DYS va préférer lm’oral à l’écrit donc il faut juste l’écouter.

Je prends l’exemple de plein de personnes qui ont réussi, je prends l’exemple de Franck Gastambide, acteur et réalisateur reconnu, et qui assume ses troubles DYS, qui dit qu’à l’école il ne s’en sortait pas, et aujourd’hui il tient des caméras et il écrit des scénarios, il dicte des scénarios à grand succès, donc oui à mon sens il faut diminuer fortement la part de travail écrite sur un DYS.

Il ne faut pas la perdre non plus, parce qu’il faut continuer à rédiger et à écrire tout simplement, mais malheureusement pour mon BAC tous mes aménagements ont été refusés, et c’est comme si on me faisait partir sur une course de 100 mètres 100 mètres en arrière. Je vais arriver à la ligne d’arrivée, mais je ne serai pas compétitif. Il faut comprendre, qu’ on n’est pas débile on n’est pas nuls, on réfléchit différemment c’est tout.

C’est une différence, et à mon sens il faut arrêter de mettre des moules et essayer de faire rentrer les gamins dans des cases. Tout DYS est différent, toute personne ayant des troubles DYS est différent, pour connaitre un bon ami à moi qui a des troubles autistiques, on en parle beaucoup, car comme moi il a développé une forte aisance orale, il arrêter en fait, il faut juste essayer de nous accepter comme on est au lieu de nous demander de rédiger des recto verso et des recto verso. On peut les dicter, mais on ne les rédigera jamais, en tout cas beaucoup plus difficilement que si on les dicte. C’est important de garder les deux.

AnneSo – Quel message souhaiterais-tu transmettre aux jeunes qui font face à des troubles DYS ou à d’autres formes de différence ?

Enzo – Il faut tenter. Ca parait bateau, mais il faut y aller. Il faut mettre en action, il faut  essayer, peut-être rater, c’est par là qu’on apprend, ne pas avoir peur d’essayer, si on vit avec la peur on ne vivra jamais, il faut pas hésiter. Si quelques enfants veulent venir essayer le golf n’hésitez pas à me contacter, ce sera avec grand plaisir, si je peux être présent je le serai, hésitez pas à aller tester tout sport, golf, tennis, équitation, foot, danse. 

Aujourd’hui on a la chance que les écoles de sport françaises soient très ouvertes, il faut trouver un endroit où vous vous sentez briller par votre talent plus que jugé par votre différence. Moi quand on me voit on ne sait pas que je suis DYS, il faut pas craindre d’aller faire un sport en tant que DYS si on s’y sent bien. N’hésitez pas à mettre en action.

AnneSo – Quel message souhaite tu passer à d’éventuels sponsors qui tomberaient sur cette interview ? Que peux-tu leur apporter de spécial ?

Enzo – Aujourd’hui le golf c’est mon rêve, c’est mon projet de vie, c’est ce que j’ai toujours fait, pour ceux qui jouent un peu au golf c’est un sport compliqué. Mais ce que je voudrais faire passer, c’est si vous voulez aider un gamin de seize ans bientôt dix-sept à réaliser un rêve, essayer d’aller gagner le Masters d’Augusta qui se joue cette semaine d’ailleurs, c’est ce pourquoi j’ai consacré les dix dernières années de ma vie, dans le golf maintenant il faut réussir à avoir les finances qui vont avec. Donc si vous voulez aider un gamin qui a des rêves plein la tête et qui espère faire de bonnes actions une fois qu’il aura réussi, je suis là je souris et j’ai des lunettes rouges, et je kiffe et j’essaye de faire au mieux.

Ce que je peux apporter c’est de la visibilité en tournoi, je peux floquer les casquettes, les polos et les pantalons, je suis flexible sur ça, ça selon la manière dont vous voudrez m’aider j’ai pas mal de marge de manoeuvre, et après il y a une autre option qui est le mécénat qui est défiscalisé à  60 % pour les entreprises et 66% pour les particuliers. 

N’hésitez pas si vous voulez aider un beau projet.

AnneSo – Dans cinq ans, où te vois-tu ?

Enzo –  Le but dans cinq ans c’est d’être sur le tour de la première division mondiale, le PGA tour, le circuit américain. Malheureusement ma situation financière ne me permet pas de rêver aussi loin. Je rêve par mon niveau de golf, mais il faut qu’il y ait un déclic financier pour que j’aie une chance de réaliser ce rêve. Mais si dans cinq ans j’arrive à être soit sur le PGA tour ou sur le DP world tour qui est la première division européenne, ce sera vraiment un beau projet presque abouti. Même si je rêve de gagner le plus beau tournoi du monde et que tant que je n’y serai pas je continuerai à bosser, mais si j’arrive à être sur les premières marches des premières division Européenne ou Américaine ce serait vraiment top.

AnneSo – Et pour finir, quelle est ton actualité sportive ? 

Enzo – Je viens de sortir de deux tournois à Bourges et à Limère où j’ai fait deux victoires, j’ai gagné les deux tournois, d’ailleurs il y a un super article dans la République du Centre sur ma victoire à Limère. Cette semaine c’est repos et école, et la semaine prochaine je repars à Orléans jouer le championnat du Club à Marcilly, chez moi dans mon club, et après je joue la coupe Frayssineau-Mouchy le tournoi le plus prestigieux en France et le plus ancien, après je joue la coupe Didier Illouz et les championnats de France par équipe, qui seront à Rouen.

AnneSo – Bonjour Enzo Fernandez-Mangas et merci de t’être rendu disponible. Quel âge as-tu et depuis combien de temps tu joues au golf ?

Enzo – Merci de m’avoir invité, cela fait toujours plaisir d’être sollicité. Je m’appelle Enzo ’ai seize ans et demi bientôt dix sept  et je me suis mis au golf à mes trois ans un peu par hasard, ça va faire treize ans bientôt quatorze que je joue au golf.

Anneso – Comment as-tu découvert le golf, et comment cette passion est-elle née malgré tes troubles DYS ?

Enzo – J’y suis venu en raison de soucis d’hyperactivité à l’école notamment à la crèche. En fait, je suis franco espagnol, je suis bilingue et j’ai d’abord parlé Espagnol et ensuite le Français, et pour me faire comprendre à l’école soit je mordais soit je tapais, ce qui n’était pas forcément très apprécié par le corps enseignant. 

On a d’abord testé le tennis, on s’est rendus compte que j’étais pas trop maladroit avec les sports de balle, mais je n’aimais pas trop les déplacements rapides, ça me faisait mal, donc on est allés vers le golf. Au début j’aimais pas ça, je le faisais pour faire plaisir à mes parents.

Le Wow et la révélation sont venus à mes sept ans lors de la première compétition, ça a été assez impressionnant, la première fois de ma vie où je me suis senti à ma place, où je me suis senti bien.

Depuis ce jour là, on a monté un projet avec ma famille autour de mon rêve et on a essayé de le faire grandir, avec plusieurs obstacles mais on y reviendra, et aujourd’hui j’ai pour projet de passer pro dans un an et demi, deux ans, donc ça se concrétise.

AnneSo – C’est vraiment la compétition qui t’a révélé, c’est en compétition que tu t’es senti à ta place, ce n’est pas le cas de tous les jeunes qui pratiquent du sport.

Enzo – Oui oui carrément, j’adore m’entraîner, ça fait partie de mon travail en tant que joueur, mais c’est la compétition qui m’a révélé, c’est la première fois de ma vie que je me suis dit “OK là, je suis à ma place.”  J’ai aimé cette sensation de devoir te battre contre toi-même, de devoir te battre toi-même au final, car tu dois parfois être plus fort que ta tête, ou que ton corps si jamais il tire un peu, sous des périodes de travail comme en ce moment car je viens de relancer mais saison il y a juste deux semaines, oui c’est ça qui m’a accroché.

AnneSo – Tu as donc découvert le golf à l’âge de trois ans, comment cette passion est-elle née malgré tes soucis à l’école, est ce que ça a été contradictoire ou au contraire complémentaire ?

Enzo – Effectivement c’est un peu bizarre, que ce soit à l’école ou ailleurs j’ai toujours pensé différemment, j’ai toujours marché différemment des autres, que ce soit dans ma manière d’apprendre ou dans ma manière de bosser, j’ai la chance de bien apprendre à l’oral, du coup j’écoutais beaucoup en cours même si lire et tout c’était plus compliqué pour moi.

Donc marquer une différence dès un âge aussi jeune c’était dur, ça a posé des soucis de harcèlement quand j’étais petit, que ce soit pour mon poids, mon physique ou ma différence tout simplement, et le golf m’a aidé à me sentit à ma place et à trouver un endroit où ça allait. Où ce que les autres pensaient, où ce que les autres voyaient en moi c’était plus le joueur de golf et non un gamin hyperactif.

Quand je joue au golf, c’est le seul endroit où ma tête peut rester sur un objectif clair pendant cinq à six heures d’affilée, sans que ça parte dans tous les sens donc c’est très très important Je dirais que le golf m’a beaucoup aidé à me sentir mieux et m’assumer moi en tant que personne et ça m’a aidé dans ma vie scolaire, parce que ça m’a aidé à mieux me comprendre et mieux me concentrer, à choisir et à étalonner une manière de travailler.

Je marche par plages horaires. Je sais que pendant deux heures je peux être concentré. Après il me faut quinze minutes pour divaguer, et après je peux m’y remettre, et c’est comme ça que je bosse depuis maintenant trois ans où je fais l’école à distance. Le golf m’a beaucoup aidé.

AnneSo – Est ce que ça va mieux à l’école maintenant que tu fais du golf ?

Enzo – Oui, ça va mieux, dans la manière de travailler. Après, malheureusement les troubles DYS et la dysorthographie on n’a pas de remède à ça, c’est inopérable, c’est comme ça, alors on ne le voit pas quand on me parle puisque de par mon manque à l’écrit j’ai développé une force à l’oral, qui est un petit peu plus évoluée que les garçons de mon âge, mais ça m’a beaucoup aidé à l’école à rester calme en cours, à ne pas marcher me lever, ne pas devoir bouger absolument pour être concentré ce qui avant était le cas, donc oui on peut dire que le golf m’a beaucoup aidé.

Après, les troubles DYS on n’y peut pas grand chose, donc à l’écrit je calerai toujours , je resterai toujours bloqué malgré un travail et des efforts certains pour essayer de faire avancer les choses. On ne peut pas changer les troubles DYS ni les améliorer, jusqu’à un certain point car j’ai bossé pendant pas mal d’années avec mon orthophoniste à qui je fais coucou. On peut travailler jusqu’à un certain point mais à un point ça bloque, à un moment on l’a touché,  donc maintenant je continue à développer l’oral, je fais au mieux avec ces troubles à l’écrit, et je vis très bien avec aujourd’hui donc je suis content.

AnneSo – Ton parcours vers le professionnalisme n’est certainement pas facile, il y a du monde et de la concurrence. Quels ont été les principaux obstacles ?

Enzo – Quand j’étais petit je me suis beaucoup blessé, parce que j’avais une manière de jouer, un swing qui était trop exigeant par rapport à ce que mon corps pouvait encaisser,  je me suis beaucoup blessé au niveau des genoux, des tendons d’Achille, des pieds, des trucs pas très très drôles quand tu as dix douze ans, qu’il faut malheureusement surpasser pour accomplir son rêve, et donc il y a deux ans j’ai fait le choix de prendre un virage à quatre vingt dix degrés et de changer tout le staff, golf, prépa physique, tout, pour du mieux. 

On a gardé les fondations, parce que ce n’était pas mal ce que je faisais, mais il a quand même fallu changer  beaucoup de choses. Je  suis parti à Orléans voir mes trois coach, mon coach de golf, mon préparateur physique et maintenant ma préparatrice mentale, psychologue du sport qui fait un super travail.

Ce virage a été pour le mieux, on a prioriser le fait de ne plus me blesser, ce qu’on a réussi à faire puisque depuis que je les ai rejoint je ne me suis plus jamais blessé, je me suis plus fait mal au point de ne plus pouvoir jouer. Forcément, le corps il tire parce que je le soumets à une charge de travail importante qui est nécessaire pour arriver à mon rêve, et donc la première case à été cochée.

Malheureusement il n’y a pas de la place pour tout le monde, le golf est un monde qui est petit et qui commence par un écrémage financier. A haut niveau en tout cas. J’encourage toutes les personnes qui veulent aller tester le golf, c’est un sport qui absolument merveilleux, et qui ne coûte pas beaucoup plus cher que tout autre sport quand on joue régulièrement comme une fois par semaine. Mais comme tout sport individuel dès qu’on veut le professionnaliser ça génère des frais, et aujourd’hui mon plus grand frein sera financier puisque le niveau de jeu est sur la voie du niveau professionnel d’ici un à deux ans, tel qu’il est sur les circuits pro pour passer professionnel, malheureusement les osu je ne les ai pas, et sans les sous ça va être compliqué de voyager, compliqué de se déplacer en tournois. Hormis l’aspect financier qui est un facteur que je ne contrôle pas, sur mon parcours vers le professionnalisme, malgré les blessures, ce sont les obstacles majeurs que je vais rencontrer.

Aujourd’hui mon plus grand souci est de trouver des sponsors, des fonds pour aller chercher mon rêve et peut-être un jour le réaliser.

Enzo Fernandez-Mangas

AnneSo – On va aborder un sujet qui me tient à cœur et qui est important sur Partirtoutpres.fr, tu me disais tout à l’heure qu’on ne l’aborde pas tellement encore dans le milieu du golf, c’est le climat. Tu fais partie d’une génération qui va devoir faire face au changement climatique plus que ses aînés. Comment vois-tu l’impact environnemental du golf ? Est ce que tu as été préparé à ce sujet ?

Enzo –  En tant que joueur je n’ai pas eu réellement l’occasion d’aborder le sujet, je sais que le staff de jardiniers du golf de Marcilly est plutôt compétent là-dessus, je sais qu’un jour j’aurai l’occasion d’échanger et de développer le sujet avec eux, ça reste un enjeu majeur puisque le golf a des demandes particulières malgré les demandes de l’USGA qui est l’organisme qui chaperonne tout le golf, et les golfs autour du monde, de réduire les produits phytosanitaires, les quantités d’arrosage, malgré tout ce sera un enjeu majeur, puisque l’herbe doit vivre donc elle nécessite un minimum d’eau, le golf national a installé des sondes sous le sol pour savoir quand l’herbe a besoin d’être arrosée et en quelle quantité, cela permet d’optimiser l’arrosage et la quantité d’eau optimisée.

Il y aussi des projets de parcours, même si c’est des très gros budgets et qu’il y a des golfs qui ne pourront pas survivre au changement climatique, et à ces restrictions d’eau.

Il y a des golfs qui ont pour projet de passer à une herbe qui  survit dans la sécheresse, et qu’on retrouve dans les Bermudes, j’ai eu la chance de jouer dans cettebherbe là aux Etats Unis, c’est bune herbe qui est très dense, jaune, en fait elle vit en étant morte même si c’est bizarre.

Il y a des golfs qui ont pour projet de planter ça, même si en France ce sera compliqué car on a des sols qui sont en majorité argileux, on a très peu de sols sur sable, on verra comment les prochaines années nous feront évoluer.

Ce sont plus les équipes chargées de la préparation du terrain qui sont en charge de ça, moi ça me parait normal mais je vais systématiquement les féliciter, je pense notamment aux équipes en charge des petits parcours. Les équipes terrain font des boulots colossaux pour nous mettre les terrains dans des bonnes conditions parfois avec de petits budgets et des restrictions d’eau et de produits qui sont parfois impressionnantes, donc moi ça me parait normal d’aller les voir et de les remercier, voilà.

On verra comment évoluent les prochaines années en espérant que tous les golf y survivent et avoir une grande diversité dans les choix de golf en France.

AnneSo – Est ce que tu vois un lien pour ta génération, avec les troubles DYS qui se développent et le changement climatique qui arrive vous avez beaucoup de choses sur les épaules à gérer ou ça te parait normal, c’est comme ça ?

Enzo – Des soucis à venir c’est certain, mais moi je reste qu’un gamin qui rêve et qui joue au golf dans le fond. C’est des sujets que je laisse aux experts climatiques qui connaissent le sujet et qui ont fait des études pour ça. Nous entant que golfeurs on sera sur les premières lignes de front, notamment quand on a parlé de la sécheresse il y a quelques années les golfs ont été impactés,  en première ligne, ce qui est plus ou moins normal, moi je reste assez neutre car je ne m’y connais pas assez pour avoir un avis. Ce serait déplacé de m’exprimer sans avoir les connaissances. Ce sera très intéressant de voir les choix qui seront faits par les golfs et les entités de climat, c’est un sujet qui nous importera.

En tant que DYS on réfléchit différemment, donc notre réflexion ne passera pas par les mêmes choses, et rien que de le tourner sous une autre forme, ça peut aider à trouver des solutions auxquelles les personnes normales n’auront pas pensé.

Mais je ne préfère pas m’avancer sur des sujets que je maitrise pas.

AnneSo – Les personnes DYS pensent différemment et ont des choses à apporter, est ce qu’il faut vous faire travailler à l’oral pour vous permettre de vous exprimer, est-ce que vous acharner sur l’écrit ce n’est pas une perte de temps, Est-ce qu’il y a pas des talents à révéler en s’appuyant sur l’oral pour que vous puissiez participer ?

Enzo – Si carrément. Les troubles DYS se révèlent petit à petit et sont de plus en plus reconnus, c’est très important de comprendre que l’écrit pour nous c’est vachement dur, alors une perte de temps je ne sais pas si on peut aller jusque là, mais certainement pas une partie de plaisir, très souvent tout gamin DYS va préférer l’oral à l’écrit donc il faut juste l’écouter.

Je prends l’exemple de plein de personnes qui ont réussi, je prends l’exemple de Franck Gastambide, acteur et réalisateur reconnu, et qui assume ses troubles DYS, qui dit qu’à l’école il ne s’en sortait pas, et aujourd’hui il tient des caméras et il écrit des scénarios, il dicte des scénarios à grand succès, donc oui à mon sens il faut diminuer fortement la part de travail écrite sur un DYS.

Il ne faut pas la perdre non plus, parce qu’il faut continuer à rédiger et à écrire tout simplement, mais malheureusement pour mon BAC tous mes aménagements ont été refusés, et c’est comme si on me faisait partir sur une course de 100 mètres 100 mètres en arrière. Je vais arriver à la ligne d’arrivée, mais je ne serai pas compétitif. Il faut comprendre, qu’ on n’est pas débile on n’est pas nuls, on réfléchit différemment c’est tout.

C’est une différence, et à mon sens il faut arrêter de mettre des moules et essayer de faire rentrer les gamins dans des cases. Tout DYS est différent, toute personne ayant des troubles DYS est différent, pour connaitre un bon ami à moi qui a des troubles autistiques, on en parle beaucoup, car comme moi il a développé une forte aisance orale, il arrêter en fait, il faut juste essayer de nous accepter comme on est au lieu de nous demander de rédiger des recto verso et des recto verso. On peut les dicter, mais on ne les rédigera jamais, en tout cas beaucoup plus difficilement que si on les dicte. C’est important de garder les deux.

AnneSo – Quel message souhaiterais-tu transmettre aux jeunes qui font face à des troubles DYS ou à d’autres formes de différence ?

Enzo – Il faut tenter. Ca parait bateau, mais il faut y aller. Il faut mettre en action, il faut  essayer, peut-être rater, c’est par là qu’on apprend, ne pas avoir peur d’essayer, si on vit avec la peur on ne vivra jamais, il faut pas hésiter. Si quelques enfants veulent venir essayer le golf n’hésitez pas à me contacter, ce sera avec grand plaisir, si je peux être présent je le serai, hésitez pas à aller tester tout sport, golf, tennis, équitation, foot, danse. 

Aujourd’hui on a la chance que les écoles de sport françaises soient très ouvertes, il faut trouver un endroit où vous vous sentez briller par votre talent plus que jugé par votre différence. Moi quand on me voit on ne sait pas que je suis DYS, il faut pas craindre d’aller faire un sport en tant que DYS si on s’y sent bien. N’hésitez pas à mettre en action.

AnneSo – Quel message souhaite tu passer à d’éventuels sponsors qui tomberaient sur cette interview ? Que peux-tu leur apporter de spécial ?

Enzo – Aujourd’hui le golf c’est mon rêve c’est mon projet de vie, c’est ce que j’ai toujours fait, pour ceux qui jouent un peu au golf c’est un sport compliqué. Mais ce que je voudrais faire passer, c’est si vous voulez aider un gamin de seize ans bientôt dix-sept à réaliser un rêve, essayer d’aller gagner le Masters d’Augusta quoi se jouec ette semaine d’ailleurs, c’est ce pourquoi j’ai consacré les dix dernières années de ma vie, dans le golf maintenant il faut réussir à avoir les finances qui vont avec. Donc si vous voulez aider un gamin qui a des rêves plein la tête et qui espère faire de bonnes actions une foisq ui’il a uraa réussi, je suis là je souris et j’ai des lunettes rouges, et je kiffe et j’essaye de faire au mieux.

Ce que je peux apporter c’est de la visibilité en tournoi, je peux floquer les casquettes, les polos et les pantalons, je suis flexible sur ça, ça selon la manière dont vous voudrez m’aider j’ai pas mal de marge de manoeuvre, et après il y a une autre option qui est le mécénat qui est défiscalisé à  60 % pour les entreprises et 66% pour les particuliers. 

N’hésitez pas si vous voulez aider un beau projet.

AnneSo – Dans cinq ans, où te vois-tu ?

Enzo –  Le but dans cinq ans c’est d’être sur le tour de la première division mondiale, le PGA tour, le circuit américain. Malheureusement ma situation financière ne me permet pas de rêver aussi loin. Je rêve par mon niveau de golf, mais il faut qu’il y ait un déclic financier pour que j’aie une chance de réaliser ce rêve. Mais si dans cinq ans j’arrive à être soit sur le PGA tour ou sur le DP world tour qui est la première division européenne, ce sera vraiment un beau projet presque abouti. Même si je rêve de gagner le plus beau tournoi du monde et que tant que je n’y serai pas je continuerai à bosser, mais si j’arrive à être sur les premières marches des premières division Européenne ou Américaine ce serait vraiment top.

AnneSo – Et pour finir, quelle est ton actualité sportive ? 

Enzo – Je viens de sortir de deux tournois à Bourges et à Limère où j’ai fait deux victoires, j’ai gagné les deux tournois, d’ailleurs il y a un super article dans la République du Centre sur ma victoire à Limère. Cette semaine c’est repos et école, et la semaine prochaine je repars à Orléans jouer le championnat du Club à Marcilly, chez moi dans mon club, et après je joue la coupe Frayssineau-Mouchy le tournoi le plus prestigieux en France et le plus ancien, après je joue la coupe Didier Illouz et les championnats de France par équipe, qui seront à Rouen.

Restons en contact !

Nous aimerions vous tenir au courant de nos dernières nouvelles et offres 😎

Nous ne spammons pas ! Mais nous tenons à améliorer constamment ce site, et serions très heureux de pouvoir vous demander vos retours sur votre expérience ici.

You may also like...